En ce moment particulier de confinement, les activités du Prieuré (Accueil, offices ouverts au public) sont suspendues ; mais nous gardons le contact numérique avec vous, en vous proposant des éléments pour faire de ce temps contraint un temps spirituel choisi !

19 mars 2020 ; 28 mars 2020 ; 04 avril 2020 ; 12 avril 2020 ; 18 avril 2020 ; 26 avril 2020 ;
2 mai 2020 ; 9 mai 2020 ; 16 mai 2001 ; 23 mai 2020 ; 30 mai

11ème Lettre HEBDO du Prieuré St Benoît

Autres possibilités de messes pour la Pentecôte À Notre Dame de l’Espérance : samedi soir à 18h  

À la paroisse St Pierre St Paul : Dimanche à 10h  

Dimanche de la Pentecôte le 31 mai 2020

Nous avons vécu un temps bien particulier, avec ce confinement dans nos lieux de vie, et les fêtes de Pâques ont été occasion de célébrer autrement la Vie ressuscitée, seul(e) ou en famille.
C’est un grand bonheur de nous retrouver pour fêter la Pentecôte dans le parc du Prieuré.
En communauté, nous accueillerons le Souffle de l’Esprit pour cet envoi au monde et à nos proches.

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Nous voici arrivés à la Pentecôte. Comme le Carême et Pâques, cette fête arrive dans un moment très important, pour notre Église, pour la planète et particulièrement pour notre pays. Notre société, à cause de l’évolution rapide des idées, s’est mobilisée à 100 %, afin d’empêcher le virus de faire librement ses ravages. À l’inverse de ce qui s’est passé dans les grandes pandémies précédentes, souvent soldées par des millions de morts, les dispositions prises ont été très efficaces en ce domaine, mais elles ont entraîné quelque chose qu’on n’avait pas observé auparavant : une profonde crise économique et sociale. Et du coup, reviennent à l’ordre du jour les intuitions prophétiques du Pape François, particulièrement dans l’encyclique Laudato Si. Ce document est maintenant l’objet de nombreuses études, aussi bien dans l’Église que dans la société civile : il propose un changement de paradigme, un nouvel horizon pour la vie de nos sociétés, que le Pape François nomme « l’Écologie Intégrale ». Et ce qu’on croyait un peu utopique semble devenir soudain possible. Joie de pouvoir participer à cette grande mutation, chacun selon ses possibilités.

Et je me dis que nous n’allons pas pouvoir fêter le Don de l’Esprit de façon un peu distraite, comme chaque année. Mettons-nous à l’école du Souffle Saint et profitons de cette grâce de Pentecôte pour reprendre cette encyclique, pour lire les nombreux articles qui lui sont consacrés. Par exemple, dans la sphère chrétienne, sur le site de l’Église Catholique, allons voir :

« Tout est lié » le webzine de l’écologie intégrale,

(faire : https://toutestlie.catholique.fr/) lancé par la Conférence des Évêques de France et consacré à l’écologie intégrale. Questionnements, débats, initiatives, actions engagées durablement, expérimentations, ce magazine du web relatera tous les mois ce qui se vit à différents niveaux de l’Église et dans la société. L’écologie intégrale est un chemin pour « faire Église » : ce magazine en sera le reflet. Le lancement du 1er numéro a eu lieu dimanche 24 mai, on peut le consulter.

Fr. Benoît

En ce temps-là

En ce temps-là, nous avons appris l’humilité, le respect de l’autre, l’espérance. Nous avons apprivoisé nos peurs, nos limites, nos manques mais aussi nous avons reconnu nos appuis, tant du côté de l’intériorité que du relationnel sur le chemin de l’acceptation sans cesse à creuser …

Pour que ce temps-là porte ses fruits, Christ Ressuscité, puissions-nous accueillir l’Esprit que Tu nous as promis.

En ce temps-là, nous avons traversé des moments douloureux, subi le manque de liberté d’aller et venir. Nous avons été vigilants à rester reliés, attentifs à la vie autour de nous et à la respiration du Monde. Vigilants aussi à écouter, exprimer, apprivoiser nos besoins, nos désirs, nos frustrations. Nous avons vécu des moments de joie, de créativité, de liens renoués…

Pour que ce temps-là porte ses fruits, Christ Ressuscité, puissions-nous accueillir l’Esprit d’intelligence et de sagesse.

En ce temps-là, nos conditions de vie nous ont permis de persévérer quotidiennement sans trop souffrir malgré les contraintes pour tous. Mais nous sommes soucieux pour ceux de nos frères qui vont connaître la misère économique comme pour ceux dont la sphère affective a été durement touchée. Nous avons pensé et cherché comment participer à la réparation de ce que ce virus a abîmé voire détruit autour de nous, sans affecter toutefois la beauté de ce printemps exubérant, nous accompagnant parfois malgré nous, à sauvegarder l’espérance …

Pour que ce temps-là porte ses fruits, Christ Ressuscité, puissions-nous accueillir l’Esprit de conseil et de force.

En ce temps-là, nous est venu le désir de dire MERCI. Merci pour les mille attentions dont nous avons été l’objet comme celles dont nous avons été témoins. Quelle belle expérience que ces relations d’entraide mutuelle aidant à vivre jour après jour ! Et Dieu dans ce temps-là ? IL était là, IL est là ! Comme un ami, un amour sur qui s’appuyer en confiance sur les chemins de cette vie… Merci Seigneur pour ta présence …

Pour que ce temps-là porte ses fruits, Christ Ressuscité, puissions-nous accueillir ton Esprit.

Fraternité Hildegarde de Bingen

Depuis le 17 mars, cette lettre hebdo du Prieuré a tissé entre nous une communauté d’Église à l’écoute et priante.
Nous allons reprendre à partir de juin la feuille mensuelle d’INFOS pour vous informer des activités qui, peu à peu, reprendront selon les possibilités du déconfinement, avec notamment les Propositions du Prieuré pour 2020-2021.

Zone de texte

Lien avec le Prieuré St Benoît.

Jusqu’au 22 juin, l’hôtellerie du Prieuré restent fermés au public.

10ème  Lettre  HEBDOdu  Prieuré  St  Benoît 

7ème Dimanche après Pâques,   le 24 mai 2020 

Au 1er jour de la semaine, le dimanche, nous aimons goûter à une vie communautaire, célébrations, repas familial ou avec des amis, mais aussi une marche dans la natureou une manifestation rejoignant nos convictions d’un monde solidaire… Et là, depuis cette priorité sanitaire, nous avons expérimenté comment ces manques nous ont fait innover une autre manière d’exprimer nos liens, nos amitiés, nos solidarités… 

Petite conversation spirituelle entre Marie-Claire et Frère Benoît  

Fr. B : Dans ce passage évangélique que nous lisons ce dimanche (St Jean 17, 1b – 11a), y a-t-il une expression qui te touche particulièrement ? 

MCl. : Oui, celle-ci : « Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi »…  

Jésus nous a manifesté tout au long de sa vie d’homme combien ce lien intime avec son Père l’anime, et que ce lien peut nous conduire nous aussi sur le chemin de la Vérité et de la Vie.  

Fr. B : je partage tout à fait ton ressenti ; elle est extraordinaire cette parole et je me demande à qui, sur cette terre, je pourrais la dire en toute vérité. Et puis tu y découvres un chemin de vérité et de vie… 

MCl. : En effet, je me demande comment me laisser saisir par cette manifestation de la Vie au quotidien et comment être à l’écoute de cet Esprit vivifiant et créateur qui donne sens à nos journées, au-delà des doutes, des chutes, des lassitudes, des blocages ?

Fr. B : Pour moi, l’essentiel est un désir et un travail de tous les instants ; ne pas me laisser emporter par les soucis quotidiens, mais les dire jour après jour au Seigneur ; pour que ce soit Lui qui m’emporte.  

MCl. : Ah ! Et il y a cette autre parole : «… Et je suis glorifié en eux »  

Fr. B : C’est étonnant, ce mot « glorifié » ; il a des résonances martiales, mais je sais qu’il a un sens particulier dans la Bible et dans l’Évangile de Jean. Quelqu’un qui a beaucoup de rayonnement, un grand charisme mis au service de Dieu et des hommes, la Bible voit en lui la gloire de Dieu. à n’importe quel milieu social qu’il appartienne. Il me semble que c’est éminemment le cas de Jésus lui-même ! 

MCl. : Bien sûr, Jésus, par son amour, ne fait qu’un avec le devenir de chaque homme, chaque femme. Il l’unifie dans ce qui fait la beauté de son être et à travers son histoire. Il les amène à penser sans cesse cette fraternité vitale, essentielle et jamais finie. On peut donc dire qu’Il « glorifie l’Humain en devenir » ! 

Fr. B : Ah ! Oui ? Et comment pourrais-je aller vers cette « glorification » ?  

MCl. : Mot bien compliqué pour moi… C’est sans doute à ajuster tout au long de la vie. Se sentir relié à tous ceux et celles qui veulent « glorifier l’humain ». Se reconnaître engagé à la place qu’il m’est donné de vivre. Œuvrer avec d’autres, croyants, humanistes… pour laisser l’Esprit de Dieu inspirer les actions d’entraide, politiques et communautaires. Voilà ce qui pourrait « glorifier » une existence de fraternité ? Mais en réalité, c’est plus facile à dire qu’à faire ! 

Fr. B : C’est là où le désir joue tout son rôle. Si je désire fortement que cela puisse arriver, cela arrivera ; car c’est juste et l’Esprit de Dieu ne peut faire autrement que de collaborer activement.  

Et si cette période nous obligeait à reconsidérer nos liens, nos engagements, notre manière de vivre et de faire société … 

Et si cette période nous indiquait des chemins à prendre avec d’autres,  de présence fraternelle et solidaire  

Et si cette période augmentait notre foi en Dieu, en L’Esprit, en l’Humain… 

Et si … 

Et si nous prenions le temps de préparer la venue de l’Esprit pour aujourd’hui … 
Zone de texte

Lien avec le Prieuré St Benoît.

[ À ce jour, nous attendons les prochaines directives pour vous informer des possibilités et des conditions de célébrations au Prieuré. ] 

9ème   Lettre  HEBDO  du  Prieuré  St  Benoît

Après deux mois à vivre au rythme du confinement, avec toutes ses contraintes : une vie sociale réduite au strict minimum, des liens « à distance » avec nos proches, l’isolement, avec parfois le décès d’un être cher que nous n’avons pu accompagner comme nous aurions voulu… Nous vivons notre 1ère semaine de « déconfinés », non pas comme un « retour à la normale » mais plutôt comme une « nouvelle étape » que nous avons à construire, en tirant profit de notre temps d’introspection, de réflexion, de méditation durant les 2 mois écoulés. Beaucoup ont attendu avec impatience ce moment mais pour d’autres, cette nouvelle période génère de l’inquiétude, du stress, voire de l’angoisse… 

 6ème dimanche: Le 17 mai 2020   

IL EST BON POUR VOUS QUE JE M’EN AILLE 

Jésus prépare ses disciples à son départ, de manière un  peu paradoxale : « il est bon pour vous que je m’en aille ». Quel gain peut-il y avoir dans l’absence de celui que l’on aime ? 

La distance qui nous a été imposée pendant ces deux mois d’avec ceux qui comptent pour nous a été difficile à vivre, mais peut être aussi constructive, en nous faisant découvrir comment il y a dans l’absence une nouvelle manière d’être présent à l’autre – nous avons eu beaucoup de créativité pour vivre de nouveaux modes de présence. C’est ce mystère que nous vivons avec Jésus depuis Pâques : renoncer à sa présence physique demande du temps et des étapes (Pâques, l’Ascension, la Pentecôte) avant de trouver la force de ressortir de la maison et de vivre. Nous ne le voyons plus mais il est présent autrement ; il n’est plus là à nous parler mais il respire à travers nous. Avant de mourir, Jésus avait dit à ses disciples : « Ne soyez plus effrayés, je m’en vais et je reviens vers vous » – autrement dit – « vous êtes en moi et je suis en vous ». 

À la veille de son départ, Jésus nous signifie que maintenant il va habiter en nous, habiter au milieu des hommes. Sa présence n’est plus limitée par ce corps qui l’avait inscrit dans le temps sur cette terre  de Palestine à l’époque de César Auguste.  

Maintenant il est cette présence qui s’offre à tous, l’Esprit, le Défenseur qui sera toujours  avec nous (le Défenseur, à nos côtés, dans notre combat contre le mal). C’est pour Jésus une autre  manière d’assurer sa présence auprès de nous dans ce combat que nous avons à mener entre la vie et la mort, la vérité et le mensonge, l’amour et la haine. Il nous laisse sa force pour tenir bon et rester fidèles. 

« Je ne vous laisserai pas orphelins » : Je ne vous laisserai pas comme des enfants orphelins. Il y a beaucoup d’orphelins dans  notre monde déboussolé, des hommes et des femmes, comme des enfants effrayés, qui ont besoin qu’on les conduise par la main pour les rassurer. Il faut dire que nos gouvernants et ceux qui les entourent, par crainte de l’avenir, nous considèrent comme des enfants, ne cessant de nous répéter comment nous devons vivre, là où nous devons marcher et bien sûr ce que nous ne devons pas faire, sinon…   Jésus, lui, nous dit : « vous me verrez vivant et vous vivrez … vous vivrez  de ma vie et vous aimerez comme je vous aime»

Alors vivons sans peur. Quand on aime, celui qui n’est plus là est toujours présent, comme si chacun portait quelque chose de l’autre en lui.  

Fr.  Paul 

Quand il n’y a plus rien comme avant, qu’est-ce qui reste ? 

Cette question n’a rien à voir avec le coronavirus mais avec les Évangiles ! 

Qu’est-ce qui reste ?      Des souvenirs merveilleux à propos de Jésus. L’Évangile en est plein… 

Qu’est-ce qui reste ?      Cette blessure ineffaçable, le destin tragique de Jésus, l’amour bafoué, tué… 

Qu’est-ce qui reste ?      Pour les apôtres, une crise d’identité majeure, des doutes énormes : 

        « Me suis-je trompé ? », « M’a-t-on bercé d’illusions ? » 

Qu’est-ce qui reste ?      Des frémissements de vie malgré tout – apparition de la vie au bord du lac, au jardin, sur le chemin etc… 

Qu’est-ce qui reste ?     L’expérience de la vie, de La Vie, dans la vie… 

Ainsi vivons-nous sur le mode souvenir, le mode tragique et mortel, le mode crise d’identité, mais aussi en frémissement et en expérience de la Vie.   Il suffit de relire les évangiles de Pâques à l’Ascension. 

Jouer c’est sérieux  

Sur une journée, une semaine, un mois, construisez votre « camembert » de la vie spirituelle en répartissant dans le cercle ci-dessous les différentes surfaces qui correspondent aux moments de votre expérience spirituelle.

(On peut jouer seul ou en groupe).

  • Une part pour les souvenirs,  
  • Une pour les blessures ineffaçables,  
  • Une autre pour les moments de crise,  
  • Une pour les balbutiements de vie,  
  • et les expériences de vie. 

Bien sûr, ce n’est qu’un jeu, à vous de voir !  

Fr. Daniel 

 

Lien avec le Prieuré St Benoît.

8ème Lettre du Prieuré St Benoît

Jour après jour, nous cheminons au rythme du confinement, ayant créé de nouvelles habitudes dans notre manière de vivre nos relations, nos engagements professionnels, humanitaires, de rechercher une expression personnelle et communautaire de notre foi. Le manque est là, qui nous fait plonger au plus profond de nous-même, en notre demeure intérieure pour y puiser des forces d’espérance à partager par téléphone, à défaut de se voir…

5ème dimanche après Pâques : le 10 mai 2020

Évangile selon St Jean 14, 1-12.

Quelle est donc cette place, cette demeure que Jésus part nous préparer ?

Alors que nous nous apprêtons à déconfiner nos demeures terrestres, nous ne devons pas oublier de déconfiner notre Demeure Céleste, à savoir nos cœurs et nos esprits ! Car chacun d’eux est capable d’accueillir le Seigneur dans toute sa grandeur lorsque qu’il se tient sur le seuil de notre habitation la plus intime :

« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3, 20)

Or la porte où frappe le Seigneur pour prendre son repas Eucharistique, c’est celle de nos vies, qu’il vient nourrir de la vérité de sa Parole.

Nous ne construirons pas ce monde « d’après », si nous n’empruntons pas un chemin de vie et de vérité, si nous retombons dans nos ornières mortifères faites de mensonges illusoires.

Si nos demeures terrestres sont inégales, l’espace de nos cœurs et de nos esprits n’a pas de limite et le Christ peut y préparer d’innombrables demeures.

Nous espérons bien sûr un monde meilleur au sortir de la crise sanitaire que nous traversons, même si les incertitudes économiques sur l’avenir nous en font douter. Alors, nous avons plus que jamais dès aujourd’hui besoin de la Foi pour avoir confiance et Espérance en ce « monde d’après » et agir pour sa concrétisation.

Ce monde, dans notre langage chrétien, porte un nom : « Le Royaume » et il advient quand nous acceptons que Dieu règne dans nos cœurs et nos esprits. Et pour que cela se réalise, nous connaissons les chemins que nous devons emprunter, ceux qui mènent à la Vérité et à la Vie : Le chemin du Christ Jésus lui-même ! Ainsi la place qu’il nous prépare dans la maison du Père ne se situe pas dans un « ailleurs » un « après » ; mais dans un « ici et maintenant » et c’est au plus intime de nous-mêmes que nous pouvons entendre cette voix forte du Seigneur :

« Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. Voici que je fais toutes choses nouvelles. » (Apocalypse 21, 3-5)

Fr. Jean-Serge.

Fr. Luc nous invite à méditer cette prière de Mgr Pansard :

« Seigneur Jésus,
je crois à Ta véritable Présence dans le pain et le vin consacrés.
Je t’aime Toi, le Seigneur de ma vie.
Je désire profondément répondre à Ton invitation,
communier, Te recevoir au plus intime de ma vie.
Je ne peux maintenant Te recevoir sacramentellement.
Viens Seigneur habiter spirituellement ma vie.
J’ai faim de ton amour,
j’ai faim de Ta vie donnée pour nourrir toute ma vie.
Au jour le jour, que j’apprenne de toi à donner ma vie, à aimer.
Oui, Seigneur Jésus,
fais que je demeure fidèle à ton commandement
et que jamais je ne sois séparé de toi. Amen. »

« CONFINÉ À LA MAISON, SEIGNEUR ! »

Confiné à la maison, Seigneur, aujourd’hui je t’en rends compte. Trente ans à la maison de Nazareth, tu as appris l’écoute et la docilité, Avant de prendre la route de Jérusalem d’où explosera la vérité.

Confiné à la maison, Seigneur, comme toi dans l’atelier de Joseph. De la règle impérieuse et du tranchant de l’outil, je fais connaissance. J’apprends à travailler, à obéir, à dégauchir les aspérités de l’existence.

Confiné à la maison, Seigneur, je le vis de manière responsable pour mon propre bien, Pour la santé de ma ville, de mes proches éloignés de moi pour l’heure. Avec lenteur et timidité, j’entre dans mon jardin intérieur.

Confiné à la maison, Seigneur, dans le même silence qu’à Nazareth, Je retiens mon souffle à l’unisson de la planète. Je sais que tu m’attends dans la prière, la lecture, la méditation.

Confiné à la maison, Seigneur, je cherche au matin un signe de confiance, Tâchant de commencer le jour dans l’émerveillement, Et de le poursuivre dans la persévérance….

Confiné à la maison, Seigneur, et habité par la pensée des malades et soignants à l’hospice, J’entends la tempête qui fait rage sur l’océan du monde, Réveille-toi Seigneur, s’il est vrai que la mer et le vent t’obéissent… Amen !

Arnaud Favart, Prêtre de la Mission de France

Forts de ces solidarités inventées … si nous réussissions notre déconfinement …

Appel à la prière le 14 mai face à « l’immensité du cri de l’humanité souffrante »

Le Haut Comité de la Fraternité Humaine invite l’humanité à prier le 14 mai 2020 pour la fin de la pandémie du Coronavirus Covid-19.

Le « Haut Comité pour atteindre les objectifs contenus dans le document sur la fraternité humaine » est né en septembre 2019, après la signature du document par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar à Abou Dhabi – en février.

Dans le communiqué publié ce 2 mai, les membres du Haut Comité s’adressent aux « croyants en Dieu » et aux « frères en humanité partout dans le monde » : « Notre monde se trouve, aujourd’hui, face à un danger imminent menaçant la vie de millions de personnes dans le monde à cause de la propagation accélérée du nouveau coronavirus (COVID-19) », soulignent-ils.

Tout en saluant le rôle de la médecine et de la recherche scientifique, ils encouragent aussi à « s’adresser à Dieu, le Créateur », spécialement le 14 mai : « Nous appelons tous les hommes et femmes partout dans le monde à demander à Dieu dans une prière, en observant le jeûne et en L’invoquant – chacun là où il se trouve selon sa religion, sa croyance, ou sa doctrine – de mettre fin à cette pandémie, de nous sauver de ce malheur et d’inspirer aux savants les moyens permettant de découvrir un remède susceptible de réduire à néant cette pandémie. »

Ils appellent de leurs vœux le rétablissement de « la sécurité, la stabilité, la santé et la prospérité de façon à rendre notre monde, après la fin de cette pandémie, plus humain et plus fraternel qu’avant ».

Le Comité appelle « tous les leaders religieux et tous les hommes partout dans le monde à répondre favorablement à cet appel humain et à s’adresser à Dieu d’une seule voix pour qu’Il sauve l’humanité ».

Lien avec le Prieuré St Benoît : prop.etiolles@gmail.com

Jusqu’à fin mai, le Prieuré et l’hôtellerie restent fermés au public.

7ème Lettre du Prieuré St Benoît

Depuis nos « enclos individuels » où nous sommes obligés de vivre différemment, comment ouvrir nos portes ? Comment rester en lien avec ce qui fait la réalité de nos familles, de nos voisins, de tous ceux qui sont en souffrance de par cette crise sanitaire ? Comment réinventer nos appuis intérieurs et extérieurs ? Comment être à l’écoute de ce qui déjoue la peur, la lassitude, pour une transformation en vie nouvelle ?

4° dimanche après Pâques  le 3 mai 2020 Évangile selon Jean 10, 1-10

Bizarre, ce passage de l’Evangile de Jean, où, dans la même conversation, Jésus se présente d’abord comme le vrai Berger qui entre dans la bergerie pour prendre la tête de son troupeau et le conduire à l’extérieur, puis comme la Porte qui donne accès à la bergerie et au salut !

Aujourd’hui, ces quelques paroles évangéliques m’évoquent une réalité intime, ma « bergerie intérieure ». L’Evangile de Matthieu en parle comme de « la chambre la plus retirée » (6, 6). La Bible l’appelle aussi « Cœur profond » car il est dans ma vie, comme dans celle de chacun, un lieu sacré de repos où restaurer nos forces dans la prière et l’intimité avec le divin Berger, prendre les décisions importantes, et retrouver le chemin juste. Pendant le confinement, nombreux sont celles et ceux qui ont pu découvrir cette composante essentielle de leur être ou mieux : lui donner toute sa place. Si c’est le cas, guidés par le Maître, ils peuvent alors sortir et aller, tranquilles et attentifs, au milieu de la foule humaine et de ses contradictions. Le déconfinement pourrait-il être ce moment où, sans crainte, je vais de nouveau affronter les aléas de l’existence sans me laisser bloquer par les incertitudes de notre temps ?

Notons que le texte de ce dimanche mentionne les voleurs et bandits, qui s’infiltrent par effraction dans la bergerie, pour voler et faire périr. Les ermites des déserts d’Égypte le savaient bien : ils invitaient chacun à pratiquer la Garde du Cœur. En effet, à leur école, il me faut veiller à ne pas laisser s’installer dans ce lieu saint les pulsions négatives de colère, rancune, avidité, angoisse, regrets… que nous connaissons trop bien. Nous risquons alors de nous laisser gouverner et étouffer par elles. Lorsqu’elles se manifestent dans les temps de méditation ou de prière, nous avons la chance de pouvoir les traiter de façon spirituelle en les confiant au Maître qui les dévitalise et fait entendre la voix de la sagesse et de l’amour. Cette voix, nous la reconnaissons, elle émane de Celui qui prend soin de nous, elle restaure notre liberté. J’ai besoin de cette liberté intérieure ; elle permet d’envisager tranquillement la fin sociale d’une ancienne manière de vivre, mise à mal par le virus, et de participer à l’élaboration de son remplacement.

Fr Benoît

« Dans la caverne du coeur » Prière attribuée à Ramana Maharshi (*)

Au milieu de la caverne du cœur,
En forme de Moi,
En forme de Soi,
Unique et solitaire,
Tout droit de soi à soi
Le Brâhman resplendit !

Pénètre toi-même en ce dedans,
Ta pensée perçant jusqu’en sa source,
Ton esprit plongé en soi,
Souffle et sens au tréfonds recueillis,
Tout de toi en toi fixé,
Et là, simplement, sois !

(*) : 1879-1950, Ramana Maharshi est un représentant, dans le sud-ouest de l’Inde, de la grande spiritualité de l’advaïta vedanta (« non-dualité » en sanskrit), qui a tant marqué le bénédictin breton dom Henri Le Saux. Maharshi vivait sur le flanc du mont Arunachala.

Lien avec le Prieuré St Benoît

Face au choc de cette déstabilisation de nos vies, de nos habitudes, quel étonnement heureux de voir germer cette créativité qui s’en dégage : des manières de communiquer, de s’écouter, d’être solidaire, de se parler, de prier, de faire Église ensemble, bien que confinés.

RÉ-OUVRIR LES ÉGLISES : POUR QUOI FAIRE ?

Dans un communiqué publié le 28 avril, en réaction aux annonces du Premier ministre concernant le dé-confinement, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France regrette, au nom de la liberté de culte, que les célébrations ne puissent reprendre dans les églises avant le 2 juin.

Nous nous interrogeons : Pourquoi ne voir dans cette nouvelle contrainte, qu’un obstacle à la vie chrétienne ? Et si ce confinement prolongé était l’occasion de redécouvrir le vrai culte à rendre à Dieu, de ré-expérimenter le sens profond de l’eucharistie, pain partagé. L’Évangile ne nous invite-t-il pas à porter un regard positif sur les êtres et sur les choses ? Dieu nous parle à travers les événements de ce monde. A nous d’en lire les signes !

Oui, la crise que nous traversons nous apparaît comme une occasion pour notre christianisme de retrouver sa pleine dimension domestique et accepte de vivre la grâce de la fragilité de façon créative. Comme le dit le prêtre et théologien tchèque Thomas Halik : « Nous devrions accepter l’actuel sevrage des services religieux et du fonctionnement de l’Église comme un kairos, une opportunité pour nous arrêter et nous engager dans une réflexion approfondie devant Dieu et avec Dieu. Cet « état d’urgence » est un révélateur du nouveau visage de l’Église.« 

Nourrir la vie communautaire

Loin de toute polémique, en ce temps d’épidémie mondiale, les baptisés ont inventé de nouvelles formes de vie communautaire : rassemblements autour des nombreuses retransmissions de célébrations, rendez-vous vidéo de groupes de prière, de partage d’évangile où l’on a vu surgir les exigences et la densité du culte domestique et de l’intériorité personnelle. Les catholiques, comme tous les français, ont aussi continué le service des frères dans de nombreuses associations et initiatives diverses de solidarité.

Service de l’autel, service des frères

Se retrouver en communauté est constitutif de la foi. Mais pour rendre quel culte, à quel Dieu ? Dans l’eucharistie, les chrétiens font mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Et du don de sa vie. Dans un même élan, ils s’engagent à donner la priorité absolue au service du frère. Il s’agit de conjuguer : « intériorité et engagement », « lutte et contemplation » …

Jadis, l’abbé Pierre vilipendait vertement les catholiques pour qui la « Présence » du Christ était « réelle » dans l’hostie mais seulement « symbolique » dans le pauvre auquel Jésus s’identifie pourtant dans l’Évangile de Matthieu.

L’appétit spirituel

La spiritualité a toute sa place en ce temps de refondation. Abandonnons le terme négatif de « non-croyants » et ouvrons-nous à la diversité des aspirations spirituelles de nos contemporains. Le partage des convictions, des croyances, de la foi exige que chaque communauté s’ingénie à être compréhensible et crédible. Comment ne pas constater que nombre des discours catholiques paraissent étrangers à nos contemporains ? Plus graves ont été les silences face aux déviances pédocriminelles et aux lenteurs de notre Église à se réformer. Comment, en se retrouvant à nouveau dans leur église, les communautés s’interrogeront-elles sur cette exigence de clarté, de cohérence et de vérité ?

Avancer autrement

Certains aspects du fonctionnement de la communauté catholique peuvent également être interrogés. Quels moyens se donner pour avancer – dans les paroisses, les diocèses… – de manière plus collégiale ? Comment mieux articuler les différents ministères (existants ou à inventer) ? Comment mieux associer les femmes à la gouvernance de nos communautés ? Quelle conception du prêtre, du rôle du curé ? Quel rapport au « sacré », aux rites ? Quels débats possibles, enfin apaisés, autour de la liturgie ? Ne restons pas confinés dans de vieilles approches théologiques et pastorales. Ne restons pas enfermés derrière nos murs ! Partons sur les routes d’un monde blessé, pour faire de nos églises non pas des douanes ou des forteresses de vérité, mais des lieux d’ouverture et de liberté. Des lieux véritablement dé-confinés.

Guy Aurenche, Laurent Grzybowski, Monique Hébrard, René Poujol, Jean-pierre Rosa, Gérard Testard.

Le 29 avril 2020

6ème Lettre du Prieuré St Benoît

3ème dimanche après Pâques le 26 avril 2020.

Nous avons le désir chaque dimanche de faire communauté, de marcher sur nos chemins d’Emmaüs en partageant nos réalités, nos soucis comme nos joies. Aussi, cette 6ème lettre est signe de cette fraternité pour nous rejoindre chacundans ce qui fait la réalité de nos vies de confiné, de travailleur, de malade, de parent, d’accompagnant, présents auprès de personnes en souffrance…

ESPRITS SANS INTELLIGENCE !

Devant une crise aussi profonde qui touche au cœur toute l’humanité, il semble n’y avoir aucune explication et rien qui ne puisse donner un sens. Nous sommes tous dans le désarroi. Alors quelqu’un viendrait nous dire : « Esprits sans intelligence ! comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes… ». L’Écriture aurait-elle quelque chose à apporter pour éclairer nos ténèbres d’aujourd’hui ?

Peut-être que la relecture des prophètes et de la sagesse de l’humanité pourrait nous alerter sur la vanité de notre mode de vie, et sur cette attitude insensée de domination de la nature, d’exploitation irréfléchie de tout ce que la Terre nous donne, au mépris des plus pauvres.

Peut-être que nous pourrions nous rappeler en relisant les premières pages de la Bible, trésor de l’humanité, combien il est nécessaire d’accueillir l’étranger – nous avons tous été un jour ou l’autre des immigrés – et qu’il est nécessaire à des périodes régulières (le jubilé) de remettre toutes les dettes et de redistribuer la Terre.

Peut-être que nous pourrions découvrir que Dieu nous a toujours accompagnés en nous conseillant avec bienveillance et tendresse, pour que l’homme invente des chemins d’humanité qui le conduisent au bonheur.

En ces temps de détresse, la relecture de l’Écriture pourrait simplement nous conduire à regarder ce que nous vivons, à discerner ce qui est vraiment important, ce que nous devons garder et ce dont nous pouvons nous débarrasser sans dommage. En lisant et en écoutant la Parole de Dieu, nous pourrions redécouvrir une « sobriété heureuse » en suivant Celui qui nous a dit de ne pas nous inquiéter et de ne pas craindre pour notre vie – une seule chose est importante : donner et partager.

Alors le soir venu, « il prit le pain, le rompit … leurs yeux s’ouvrirent… notre cœur n’était-il pas tout brûlant quand il nous parlait en chemin ? ». La Parole de Dieu se donne, se livre, se transmet. Sur la route il fallait quelqu’un qui réconforte et qui donne un sens. Même si la peine et la détresse se vivent seules, en chacun de nous, on a besoin d’un autre, quelqu’un dont la parole et l’assurance permettent d’ouvrir la porte fermée et de forcer l’impasse de l’absurde.

Fr. Paul

Chemin d’Emmaüs, texte de Paul Baudiquey

Deux hommes sur une route, deux hommes qui marchent.

Ils faisaient route vers Emmaüs, ils tournaient le dos à Jérusalem,

La ville de la déroute et du malheur.

Comme si la fuite pouvait être une issue,

Comme si le malheur ne finissait pas toujours par nous rattraper.

Ils sont nos frères de panique et de chagrin.

Jésus marchait avec eux, mais leurs yeux infirmes étaient empêchés de le reconnaître…

Dieu s’attache à nos pas,

Il épouse, l’un après l’autre, chacun de nos faux pas, Il s’égare avec nous en tous nos pas perdus….

Car l’issue n’est jamais ailleurs que là où a eu lieu l’épreuve.

L’issue est une brèche dans l’épaisseur de la tourmente.

Jésus sait de quoi Il parle : « Il fallait que je passe par là », par la mort de la Croix.

Il s’agit de « passer », au plus épais sans doute, mais en refusant de s’y ensevelir.

Continuer de cogner à la porte fermée,

Continuer d’espérer contre toute espérance,

Continuer de veiller, au cœur même de l’absence…

« Reste avec nous, Seigneur, car le jour baisse »…

Et c’est autour d’une table, une fois de plus, que tout a lieu.

IL s’était déjà passé des choses, autour d’une table, trois jours plus tôt.

Des choses tellement définitives, tellement inépuisables,

Qu’on se retrouve, après deux mille ans,

Convives de la même table,

Aux côtés du même compagnon de route…

La chaleureuse reconnaissance du cœur

Qui rougeoie comme braises sous la cendre, pour nos deux marcheurs,

Consume cette page brûlante de l’Évangile.

Quelqu’un souffle sur la braise assoupie de nos vies.

Ce souffle bouscule, il déroute.

Pour nous, comme pour ceux d’Emmaüs,

La vraie vie passe par la déroute, petite ou grande.

Hors d’elle, il n’est que sentiers battus, voies sans issue.

Elle seule nous remet sur la route :

Oser revenir sur ses pas, se laisser conduire par Lui sur un autre chemin.

Accepter la main qu’Il nous tend.

De tout son cœur, de tout son poids,

Se laisser aller dans ses bras.

Des gestes d’amitié

Depuis quelques jours, nous parlons beaucoup de la solitude des personnes âgées vivant en EHPAD, des mesures de confinement à assouplir pour leur permettre de ne pas perdre le goût de la vie. Les visites régulières de leur famille leur manquent tellement. Bien sûr le personnel est présent au mieux pour inventer des manières de maintenir le lien.

Mais ce n’est pas le cas partout…

Nous portons aussi dans la prière toutes ces familles qui accompagnent douloureusement la fin de vie de leurs parents dans ces conditions.

Fr. Christian est bien entouré par le personnel du centre Desfontaines. Mais il ne peut recevoir de visite. Aussi nous proposons à ceux et celles qui le veulent, de lui manifester leur amitié par l’envoi d’une carte postale. C’est un amoureux des fleurs et de la nature…

Lien avec le Prieuré Saint Benoît d’Etiolles.

5ème Lettre du Prieuré St Benoît le 18 avril 2020

Pour ce 2éme dimanche après Pâques, on peut laisser la lecture (Ac. 2, 42-47) et son tableau idyllique de la 1ère communauté croyante, qui nous fait autant rêver au passé qu’à l’avenir ! Au-delà de ces deux impasses de l’espérance, St Pierre dans sa lettre (1 Pi. 1,3-9), nous invite à regarder vers le Christ. Car « Il est la Vie de la vie ».

Alors vient l’événement de Thomas (St Jean 20,19-31), c’est l’évangile du jour. À travers la figure de Thomas, c’est chacun de nous en quête de preuves scientifiques, statistiques ou autres pour sortir de nos doutes. Le témoignage des disciples ne vaut pas pour Thomas. Comme nous, il veut voir et toucher la vie. Quand celle-ci arrive, il n’en croit pas ses yeux et ses oreilles. Comme il nous ressemble, quand la vie nous éclabousse et que nous ne savons pas la voir et la goûter :

« Cesse d’être incrédule, sois croyant » !

Les mille manifestations de la vie ne manquent pas à notre vie quotidienne, en ces temps difficiles. C’est le Christ qui fait signe.

Quelques idées pour vivre croyant dans ce temps

  • Normalement, sauf maladie, nous nous levons chaque matin … Quels sont les mots et nos attitudes qui disent quelque chose de « l’espérance » qui est en nous » (1 Pe) ?
  • En relisant notre journée vécue, qu’est-ce qui nous a fait « signe » de la « vie » ? (les textes de la liturgie de chaque jour sont une aide précieuse)
  • Pouvons-nous faire mémoire (« rendre grâce ») de certaines solidarités vécues envers nos proches, nos enfants, des personnes âgées, des voisins ?
  • En prenant les repas seul(e) ou avec quelques proches, aidé(e) ou pas par des bénévoles, que pouvons- nous apprendre de cette situation ?
  • Dans ces temps bousculés de quelque façon que ce soit, que pouvons-nous inventer pour donner au temps quotidien son goût et son sens malgré tout ?

À chacun d’ouvrir questions pour soi et quelques autres et mettre ainsi la Vie dans la vie.

Fr. Daniel

Des échos de la Semaine Sainte…

Prier et rendre grâce

Dieu, Père de toute tendresse, nous te prions et te rendons grâce

pour cette foule immense des personnels en hôpitaux, en Ehpad, pour les chercheurs donnant sans compter leurs compétences et humanité auprès des victimes de la pandémie ; pour tous ceux aussi qui continuent de travailler pour assurer la nourriture nécessaire à la vie du corps, de l’esprit ainsi qu’à la propreté et la beauté de nos environnements…

pour la multitude de petits gestes d’humanité, de fraternité, d’entraide qui se développe autour de nous…. pour l’ingéniosité, la créativité de certains pour nous distraire, nous faire rire, rêver… pour tous ces actes, souvent anonymes, mais qui changent la vie de voisins : isolés, âgés, malades…

Pour l’après, donne à chaque homme d’avoir le courage de faire un grand ménage sur cette Terre et que les politiques unissent leurs forces pour mettre en place de nouveaux paradigmes. Cultivons l’humilité et la confiance.

« La petite espérance avance entre ses deux grandes sœurs : la foi et la charité » (Charles Péguy)

En communion avec tous, donne-leur, donne-nous, ta bénédiction.

Fraternité Hildegarde de Bingen

Résurrection, c’est revenir à la vie. C’est passer de la mort à la vie.

Je peux témoigner de mon expérience, non de résurrection, mais de renaissance. J’ai dû subir deux opérations à la tête, des opérations compliquées avec des risques annoncés …

Lorsque je me suis réveillée… et les jours suivants, j’ai alors expérimenté une véritable renaissance. C’était beau ! C’était la vie redonnée. Cette renaissance est gravée au fond de moi. À partir de là, la vie est vue autrement.

Monique D.

Le Christ est ressuscité, Il est ressuscitant…

C’est un souffle qui habite nos quotidiens. Nous le savons, parfois, et aspirons ce souffle, ou nous l’ignorons, mais nous en vivons… Pourquoi, comment, de semaine en semaine, de mois en mois, une douceur s’est levée, une étonnante présence dans l’absence ? Comme un chuchotement de vie re-née, comme un sourire intime, un consentement neuf, un désir fidèle de recommencement… Il y a ces jours de désert, d’à quoi bon, de doute… attendre, encore et encore. Un matin, un frémissement tendre et léger comme les bourgeons d’avril, monte au fond du cœur. Un parfum doux émane, on ne sait d’où, pour inonder le cœur sec. Comme une invisible main posée sur l’épaule, qui dénoue, qui caresse, qui donne chaleur et goût de vie. On se lève lentement encore fragile, mais habité d’espérance.

Le corps du Christ a échappé, oui, mais Il est là, « absence ardente », sur tous nos chemins d’Emmaüs.

Mireille

Un regard de beauté au-delà du confinement avec ces photos partagées

Rien ne faisait plus sens, et pourtant une obstination à chercher ce sens

En vivant la veillée pascale chez moi, j’ai repris, avec tous ceux qui, dans le monde, vivaient ce grand passage, l’acclamation, « Alléluia, Christ est ressuscité ! ». J’ai éprouvé combien elle était incroyable, provoquante même pour bon nombre de nos contemporains, plus particulièrement dans l’ambiance d’inquiétude et d’angoisse dans laquelle l’épidémie du covid 19 plonge toute notre société !

Comment balbutier quelques mots qui fassent sens ?

J’ai alors été replongée dans mon expérience d’il y a 25 ans, après le décès brutal de mon plus jeune fils dans un accident d’escalade…. un séisme en moi… rien ne faisait plus sens, et pourtant il y avait au fond de moi une obstination à chercher ce sens, dans l’obscurité la plus totale, une sorte d’intuition que là, seulement, se trouvait un chemin pour pouvoir encore vivre avec mon fils mort… Il a été long, à tâtons, sans aucune certitude… la force pour le parcourir m’était donnée, au jour le jour. Elle ne venait pas de moi, même si moi seule pouvait le faire.

J’ai lu, j’ai interrogé, j’ai cherché, j’ai scruté et re-scruté les textes des évangiles…

J’ai vu que pour les femmes qui suivaient Jésus et pour ses disciples, rien n’avait non plus été évident. L’affirmation de la Résurrection est bien trop incroyable ! Il leur a fallu affronter l’évidence, accepter la souffrance de la séparation et de la mort …

… Dans les mois, les années qui ont suivi la mort de mon fils, c’est, à ma petite mesure, une expérience analogue qu’il m’a été donné de vivre. Oui, j’ai expérimenté que les paroles du Seigneur sont Vie, qu’elles sont vivantes, d’une vie à inventer à travers les évènements de nos vies, heureux ou douloureux.

Oui, même dans le climat anxiogène d’une pandémie, il est possible de proclamer : « Alléluia, Christ est vivant » et que cela soit vrai, pas juste une habitude…. Mais il faudra le dire tout doucement, avec douceur et respect à ceux qui sont dans le deuil et la souffrance, et le crier haut et fort pour oser porter l’Espérance avec toutes les bonnes volontés qui travaillent à bâtir un monde plus juste et plus respectueux de la dignité de chacun.

Liliane

La Semaine Sainte isolé et en relation avec les autres

Nous vivons une période spéciale de confinement. De manière négative, cela nous oblige à une servitude considérable. Nous restons dans la maison ; nous n’avons pas l’occasion de goûter le plaisir d’aller à l’extérieur ; pour les chrétiens, nous ne pouvons pas aller à l’Église pour les célébrations liturgiques etc … C’est triste !!! Cependant, après avoir passé les trois Jours Saints avec les frères du Prieuré, j’ai trouvé de nombreux aspects positifs à ce confinement.

Tout d’abord, sur la liturgie : nous avons organisé des rites liturgiques spéciaux. Ces rites décrivent en profondeur la signification des trois Jours Saints. Ce qui m’a touché particulièrement, c’est la messe du Jeudi Saint. Elle a été célébrée dans la salle de la communauté. Les frères se sont assis autour de la table pour célébrer la Sainte Cène. Je sentais que nous étions des apôtres assis autour de Jésus pour célébrer son dernier repas. Pour moi, c’était une nouvelle découverte de célébration liturgique. Et nous l’avons vécu au nom de l’Église, et en votre nom, vous qui n’avez pas assisté à la liturgie avec nous.

Ensuite, sur la vie communautaire : la présence de tous les frères dans la communauté me rappelle la première communauté chrétienne. Nous partageons des prières, des repas, des tâches quotidiennes … C’est aussi l’expérience de l’unité des premiers chrétiens qui « persévéraient dans la prière, avec les femmes, et Marie, mère de Jésus, et avec les frères de Jésus » (Ac.1, 14). La fraternité communautaire me fait ressentir profondément la solidarité et la communion entre les frères.

Voilà, je vous partage quelques expériences personnelles vécues pendant les Jours Saints. Et c’est aussi ma nouvelle découverte en cette période spéciale. Cherchons le positif dans les négatifs de la vie.

Fr. Xuan

Pâques dans la crise d’épidémie

C’est la première fois que je suis témoin d’une fête pascale si particulière dans ma vie. Vécue dans un contexte social de confinement à cause du virus Covid 19, la Pâque au Prieuré a revêtu une apparence simple et privée, mais riche de sens. Concrètement, les célébrations de la Semaine Sainte, surtout les rituels du Triduum et de la veillée pascale, n’ont été vécues qu’entre les frères du Prieuré, sans la participation des laïcs.

En célébrant la grande joie de Pâques, l’Église et ses membres (dont les frères du Prieuré font partis) éprouvent tristesse, peur provoquées par l’épidémie et une grande souffrance devant la mort des soeurs et des frères, victimes du Covid.

En célébrant les rituels de la Semaine Sainte, héritée de la religion juive, en souvenir de « Pessah », Triduum et veillée pascale, représentant les souffrances, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus, ils ont médité la souffrance et la mort des victimes du virus et les ont reliées à celles du Seigneur pour en trouver le vrai sens.

Comme le peuple d’Israël a préparé l’événement du passage d’une façon privée, c’est-à-dire dans chaque famille, ils ont également célébré le passage du Seigneur d’une manière privée et simple, à cause du confinement. Il n’y a pas eu de rites solennels ni de cortège du cierge pascal pendant la Semaine Sainte, surtout dans le Triduum, la veillée pascale et le jour de Pâques, considérés comme les jours les plus importants du cycle liturgique. Tout s’est passé simplement et les célébrations liturgiques n’ont pas perdu leur sens profond. Et les frères ont vécu une foi très profonde et une espérance très grande : la foi en notre Seigneur Jésus mort et ressuscité et l’espérance de ressusciter avec Lui.

C’est pourquoi, unis avec toute l’humanité, qui est en crise de pandémie, les frères d’Étiolles ont célébré le Mystère du Christ dans l’espérance du projet de Dieu.

Fr. Can

Lien avec le Prieuré Saint Benoît d’Etiolles.

Lettre de Pâques du Prieuré St Benoît 12 avril 2020

Nous souhaitons à chacun Une belle fête de Pâques !

Christ est ressuscité, aujourd’hui, alléluia !

Nous allons bâtir du neuf pour notre vie ensemble et pour cela il nous faut rejeter les vieux ferments, les vieilles idées, les certitudes anciennes, pour laisser le Christ faire lever toute la pâte d’un monde ressuscité.

fr. Paul

Croire, faire profession de foi renouvelée en cette nuit pascale 2020, c’est regarder le monde en relevant la tête, avec les yeux de Jésus. Il nous ouvre une nouvelle manière de vivre, à sa suite : c’est vers nos frères qu’Il nous invite à aller…

« Reste avec nous, le jour baisse, nos yeux pleurent, nos corps pèsent… »

Il ne répond pas tout de suite, mais les emmène jusque vers Béthanie. Arrivé là, Il leur dit :

« Aimez-vous, aimez-moi. 

Si vous m’aimez, laissez-moi m’échapper.

Si vous aimez vos proches, laissez-les s’écarter.

Si vous aimez vos petits, laissez-les s’élever.

Si vous aimez vos grands, laissez-les s’envoler.

Si vous aimez vos défunts, laissez-les s’en aller.

Aimez-vous.

L’éloignement n’empêche pas la proximité.

L’absence ne supprime pas la présence.

L’écart n’interdit pas l’alliance.

La solitude ne rejette pas la solidarité.

Aimez-vous.

Le silence n’interrompt pas la parole.

L’ombre n’éteint pas la lumière.

Inventez-vous les uns les autres.

Élevez-vous, grandissez-vous.

Aimez-vous, c’est tout neuf.

Aimez-vous, et vous donnerez du fruit.

Aimez-vous, et vous goûterez la paix.

Aimez-vous, et vous vivrez la vie.

Aimez-vous, et ma joie viendra vous caresser.

Et cette joie, je vous le dis, 

Personne ne pourra vous l’ôter. »

Levant alors les mains, Il les bénit, tandis qu’Il les bénissait, Il se sépara d’eux… 

Gabriel Ringlet

Lien avec le Prieuré Saint Benoît d’Étiolles :  Propositions du Prieuré

Infos du Prieuré St Benoît
04 avril 2020

Cette troisième lettre se veut être force de propositions pour permettre à chacun de vivre autrement la Semaine Sainte commençant ce week-end.

UNE PASSION POUR AUJOURD’HUI

Nous ouvrons aujourd’hui la semaine qui est au cœur de notre foi, la Semaine Sainte.
« Jésus que vous avez livré et fait mourir… Dieu l’a délivré des douleurs de la mort et l’a ressuscité » (Act 2, 23-24)
Du dimanche des Rameaux et de la Passion jusqu’au jour de Pâques, nous refaisons la marche des premiers chrétiens avec ce récit de la Passion que nous allons relire plusieurs fois cette semaine.
Dans cette relecture de la Passion nous allons vivre avec lui la solitude du jardin, le simulacre de procès où tout est déjà joué, les humiliations mais aussi l’affirmation tranquille de sa mission, jusqu’au moment où il va être élevé de terre. Il y a ce cri qui est notre cri en ces temps de détresse :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ; c’est le cri silencieux de tous ceux qui meurent seuls dans leur lit d’hôpital ; et cette prière « Père, entre tes mains je remets mon esprit » exprime la confiance totale en Celui qui donne la vie.
Cette relecture priée de ce récit de la Passion éclaire ce que nous vivons aujourd’hui et nous fait regarder l’homme avec ses lâchetés et son courage, sa solitude et sa générosité.
Au cœur de notre mal, Dieu a ouvert une porte vers la Vie.

Fr. Paul

Des idées pour la semaine qui vient…

  • Célébrer à distance

Chaque jour Saint, la célébration est vécue à 21h. Seuls sont présents les frères de la Communauté du Prieuré. Malgré la distance et l’isolement, vous comme nous pouvons prier à la même heure, ces jours Saints.

  • Garder lien

Les thèmes des « haltes spirituelles » : « Devenir communion », « Devenir dans la souffrance », « Devenir vivant » peuvent correspondre à des amis et connaissances, nous pouvons leur téléphoner pour garder lien.

  • À la fenêtre

Le soir nous allumons une bougie à la fenêtre en laissant entendre au dehors une belle musique, car nous voulons agrandir l’espace de nos yeux et de nos oreilles.

  • Planter la vie

Si nous avons un balcon ou pas, nous plantons une fleur dans un pot pour annoncer le printemps. La vie qui vient est celle de la saison, mais cela dit tellement plus.

  • Avec les enfants

Avec ou sans enfant, nous peignons des œufs à la manière des frères orthodoxes. Nous les offrons à des voisins. Nous offrons ces signes de la vie

  • Être solidaire

Si on peut encore acheter facilement son pain à la boulangerie, nous achetons « friture » et « œufs de Pâques » en chocolat pour les offrir à du personnel soignant de nos connaissances.

  • Continuer à jouer au jardin

Avec les enfants et dans l’appartement, nous inventons une « chasse aux œufs » comme on aurait pu le faire dans un parc ou au jardin.

Fr. Daniel

PRIER, ÊTRE EN COMMUNION DURANT LA SEMAINE SAINTE

Bien avant notre confinement nous avions voulu que la retraite habituelle devienne une proposition de « Haltes spirituelles ». Cette année, nous devions travailler les psaumes. Vous trouverez, ci-dessous, le déroulement facile à adapter pour chacun(e) selon ses possibilités.
Pour chaque Jour Saint, il s’agit du psaume qui est utilisé pour la liturgie du soir :

  • Jeudi Saint :

psaume 115 « j’aime le Seigneur, Il entend ma voix… »
C’est un psaume pour « Devenir communion »

  • Vendredi Saint :

psaume 31 « Seigneur, j’ai fait de toi mon refuge »
C’est un psaume pour « Devenir malgré la souffrance »

  • Samedi Saint :

psaume 118 « Célébrez le Seigneur car il est bon »
C’est un psaume pour « Devenir vivant »

Fr. Daniel

COMMUNIER

Nous allons découvrir dans cette célébration de Pâques une dimension tout à fait nouvelle et mystérieuse à notre communion. Nos églises sont fermées, nous sommes isolés et nous ne pourrons pas communier à
l’Eucharistie le Jeudi Saint, mémoire du dernier repas, ou le Saint Jour de Pâques, Christ vivant au milieu de nous.
Cette situation douloureuse nous permet de découvrir que la communion au Corps du Christ est d’abord communion entre nous, communion de l’Église. Elle nous permet aussi de découvrir la proximité de Dieu en
tous ceux qui nous entourent, particulièrement aujourd’hui en ceux qui souffrent et ceux qui donnent d’eux-mêmes pour leurs frères, ainsi que Jésus l’avait annoncé en Matthieu 25/40 : « ce que vous faites à l’un de
ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous le faites ». Même dans notre solitude, Dieu est proche de nous et nous rend proches de nos frères, en communion.
Les applaudissements aux fenêtres ou les chants qui montent des maisons et tous ces messages de solidarité sont une forme de communion qui peut nous nourrir, en attendant le jour où nous pourrons de nouveau partager ensemble le Repas du Seigneur.

Fr. Paul

PRIÈRE UNIVERSELLE

En ce temps de bouleversement personnel, familial, de nos ami(e)s, de notre pays, du monde entier, nous pouvons nous retrouver aussi en partageant des intentions de prière qui seront lues par les frères de la communauté durant les offices. Vous pouvez les envoyer sur le mail des propositions.

Infos du Prieuré St Benoît
28 mars 2020

« Patience, patience. Patience dans l’azur! »
( Paul Valéry)

Je ne suis pas patient de nature. Il y a quelques jours, je suis allé au Carrefour Market à côté de chez nous, pour acheter de la salade. Lorsque je suis arrivé sur le parking, j’y ai découvert une file de cinquante mètres, au moins : des clients qui attendaient patiemment que des places se libèrent à l’intérieur; chacun debout derrière son caddy. Je le confesse, j’ai alors tourné les talons, me disant que nous nous passerions de salade !
Et pourtant, je devrais tout de même apprendre de la nature que rien d’important ne se fait dans la hâte.
L’été, je suis souvent fasciné par un oiseau qui tourne lentement et indéfiniment dans l’azur. Faucon crécerelle, buse variable ou milan noir, le rapace a repéré quelque chose que je ne vois pas, peut-être un terrier ou un petit mulot, et attend le moment favorable. Si je sais attendre, je le vois soudain qui plonge comme l’éclair, et réapparaît quelques secondes après, avec quelque chose dans son bec. Il a su patienter pour obtenir l’essentiel du jour : de quoi manger. Et moi, je n’apprendrais pas la patience pour obtenir mon essentiel ? Pour devenir moi-même ? Pour trouver la paix profonde ? Pour me connecter solidement à mon Maître Intérieur ? Heureusement que nos traditions nous proposent mille exercices pour faire un pas sur le chemin de la Vie ! Et quelle belle occasion que le confinement pour s’exercer à la patience active, celle qui fait advenir l’essentiel. La méditation, bien sûr, répétée quotidiennement en lui donnant tout le temps nécessaire : « te tenir assis, debout, ou étendu présent à ton souffle, laissant passer les pensées parasites pour te rendre attentif à la vie qui te traverse, une des composantes de la grande Vie. Mais aussi apprendre à contempler, rester devant la beauté, l’accueillir en toi avec reconnaissance. »
Et je vais t’indiquer (peut-être seulement te rappeler) un exercice simple :
Prends une belle fleur, une seule ; en notre saison : une tulipe ou un iris, ou autre. Mets-la dans un vase, sur une table, et assied-toi en face d’elle, à 50 centimètres environ. Après l’avoir examinée attentivement pour faire connaissance, entre dans un nouveau regard : tu poses tes yeux sur elle de façon paisible, sans la détailler, mais en l’accueillant en toi. C’est là où la patience est nécessaire ; ne regarde pas ta montre, laisse-toi simplement aller dans la contemplation de sa divine beauté. Si tu sais persévérer, il va se produire quelque chose de très simple et profond : la fleur change de statut : elle était un objet que tu pouvais transporter, poser ici ou là, et même oublier. Mais voilà que pour toi elle devient sujet : tu as l’impression qu’elle existe par elle-même et qu’elle va te parler. Moment étonnant de changement de conscience, fruit de ta patience. Rends grâce et salue-la. Tu peux certes aller plus loin dans cet exercice, mais je ne t’en parlerai pas aujourd’hui, on attendra une autre fois…


fr. Benoît

Les beaux gestes

Mais avec l’avènement de l’homme naît un autre type de beauté du cœur ou de l’âme. Celle-ci relève du domaine éthique et du domaine spirituel. En effet, afin de surmonter les conditions tragiques de notre destin, de dépasser les contradictions tragiques de notre destin, de dépasser les contradictions entre soi et autrui, et également, de s’élever à la hauteur de la part divine de l’homme, les meilleurs d’entre nous, ayant dominé en eux-mêmes le surgissement de la violence, ont développé des qualités morales ou spirituelles qui sont innées à l’homme et qui lui font honneur. Nous pensons notamment aux qualités de générosité, d’empathie, de compassion, de miséricorde, de sacrifice au nom de la vie, d’amour sans condition. Ces qualités traduites en actes rehaussent l’humanité, la sauvent du désespoir et de la perdition. En quoi ces actes, qui ont trait plutôt au vrai et au bon, ont-ils à voir avec le beau ? Sans user de trop d’arguments, il suffit de nous rappeler qu’en français, à propos de ces actes on parle non de vrais gestes, de bons gestes, mais de beaux gestes. Oui, c’est grâce à tout un ensemble de beaux gestes que l’humanité peu à peu accède à la vérité. En ce sens, tous les gestes christiques, fondateurs sont de beaux gestes.


François Cheng « Œil ouvert et coeur battant » Desclée

L’attente fait entrer dans le temps du désir

  • Dans notre société pressée, pourquoi est-il devenu si difficile d’attendre ?


Catherine Chalier : Attendre, c’est penser qu’il y a des possibilités qui vont – ou non – se réaliser. Or, nous sommes dans un monde qui veut, par la technologie, accélérer le processus de la maturation. Avec la technologie, nous avons la volonté de maîtriser la temporalité, d’en accélérer le cours.
Nous ne voulons pas attendre parce que nous confondons le temps de la pulsion et le temps du désir. La pulsion veut tout immédiatement. Elle ne sait pas du tout attendre. On le voit dans l’usage que nous faisons d’Internet. On veut des réponses immédiates, on remercie les gens de leur « réactivité ». Pourtant, la réactivité n’est pas une réponse et l’affairement n’est pas la créativité.

  • Peut-on essayer de qualifier ce que l’attente creuse en nous ?

C. C. : Le temps de l’attente nous fait passer de l’immédiateté de la pulsion – qui est impérieuse et jamais satisfaite – au temps du désir. L’attente fait entrer dans ce que le philosophe Henri Bergson appelle « la
durée créatrice ». Cette durée créatrice, ce n’est pas le temps mécanique, ni celui de la technologie. C’est le temps qui nous apprend à nous tenir au diapason de ce qui, en nous-même, est la source de la création.
Rejoindre cette source en soi demande du temps…

  • Inversement, que signifie le manque d’attente ?

C. C. : Dans la Bible, on trouve cette interrogation : « Veilleur, où en est la nuit ? » (Isaïe, 21,11) Cette question s’adresse au gardien du Temple de Jérusalem qui devait dire quand il percevait les premières lueurs de l’aube. Il ne pouvait pas faire venir l’aube plus tôt, ni plus vite, mais il devait veiller pour annoncer le moment où, de la nuit elle-même, émerge la première clarté.
Ne pas savoir attendre, c’est confondre la nuit avec les ténèbres. Dans la nuit, on ne perçoit rien. Mais, à la différence des ténèbres, la nuit promet l’aube. Il faut des veilleurs qui soient capables de s’en apercevoir.

  • Peut-on distinguer une bonne et une mauvaise attente ?

C. C. : Il y a des attentes mauvaises. Je pense, par exemple, aux réfugiés qui attendent dans des camps, en Grèce, en Italie ou ailleurs. Cette attente ne sollicite pas la dimension créatrice de l’être humain. Elle est liée à un ennui extrême et génère souvent l’agressivité. Dans un registre moins tragique, on peut aussi penser aux files d’attente en ex-URSS. L’attente est destructrice quand elle est liée à une dépendance à l’égard des puissants, parfois cyniques ou sadiques, qui ont un pouvoir sur nous.
Il existe une autre attente destructrice, celle qui empêche d’accueillir le présent. Dans Le Désert des Tartares, Dino Buzzatti met en scène un soldat qui attend sans cesse le jour d’une grande bataille, où il pourra montrer sa grandeur. Il est dans une attente qui le rend incapable d’apprécier le présent.

  • Comment renouer avec l’attente ?

C. C. : Pour penser positivement l’attente, il faut être habité intimement par une promesse, c’est-à-dire par une parole bonne, plus forte que toutes les paroles mauvaises qui nous entourent et qui sont aussi en nous. Cette « parole bonne », la Bible l’appelle une « bénédiction ». Croyant ou non, nous pouvons essayer de retrouver en nous la mémoire de paroles et de gestes passés, parfois très ténus, qui malgré toutes les difficultés, tous les malheurs, nous encourage à vivre.
L’attente permet ainsi de relier les différentes dimensions du temps. Attendre, ce n’est pas simplement être poussé vers l’avenir. C’est aussi être habité par la mémoire de ces paroles, que l’on peut se redire et s’encourager à ne pas oublier. Pour cela, il faut faire un travail sur soi-même. Retrouver en soi, le point où émerge la vie créatrice. On perd souvent ce centre parce que l’on vit trop dans l’extériorité.

par Catherine Chalier, philosophe et spécialiste du judaïsme

Ce temps d’isolement est aussi un beau temps de communication …

Tous ces messages, ces textes partagés sont là pour nous relier, nous soutenir mutuellement, nous faire réfléchir, nous ouvrir des chemins vers l’essentiel, nous accompagner dans l’organisation de cette vie confinée chez soi. Vie tellement différente où la solidarité, l’affection, se manifestent en force. Merci ….

À SUIVRE … pour nourrir notre prière universelle pendant la Semaine Sainte.
Partageons nos intentions, nos signes de fraternité et de compassion, nos peines…
Envoyons-les sur le mail des « Propositions du Prieuré »

Infos du Prieuré St Benoît
19 Mars 2020

Mes amis,

Nous vivons un temps extraordinaire, une manière forte de mettre en œuvre les 40 jours de purification du carême avant la Résurrection.

Coupés de tous (physiquement) et en même temps reliés les uns aux autres par cette même condition de reclus, et par les messages qui circulent, apportant du soutien et de l’espérance… on ne s’est jamais autant parlé au téléphone !

Au Prieuré, nous nous sommes retrouvés tous les 7, famille rassemblée 24h sur 24. Alors que nous étions souvent dispersés par nos différents engagements, nous voici présents à tous les moments de prière et tous les repas. Puisque nous avons la chance de pouvoir célébrer l’Eucharistie tous les jours, nous le faisons dans la communion de toute l’humanité souffrante et en particulier pour ceux qui sont au service de leurs frères. Vous gardez tous une place privilégiée à notre table eucharistique

Fr Paul

Des idées pour le temps qui vient …

Comme tout le monde, le « confinement » provoqué par l’épidémie du Coronavirus 19 n’est pas sans conséquences. Tout le monde le sait ! En forme de rubriques, voici quelques moyens pour traverser ces temps difficiles.

  • Parler et garder des liens

En groupe, en communauté, en famille, et même si on vit seul(e), oser en parler directement, par téléphone, internet, Skype, pour ne pas se laisser étouffer par les médias, le « qu’en-dira-t-on » et la panique toujours possible.

  • Changer sa pratique de Foi

Il y a tant de façons de continuer à croire ! La prière personnelle bien sûr, mais aussi la radio, la télé, les lectures spirituelles. C’est le temps de faire une « cure des psaumes ». Récitez, chantez, dansez les psaumes !

  • Risquer des solidarités nouvelles

Faire les courses d’un voisin, téléphoner à une personne isolée, se proposer d’accompagner un malade à l’hôpital… L’agriculteur le sait, quand la terre est en jachère, elle prépare du beau, du neuf, du bon. Quand la vie quotidienne est en jachère, c’est aussi pour préparer du beau, du neuf, du bon.

  • Retourner à l’essentiel

Dans cette rubrique, il s’agit de vivre les mille changements obligés du quotidien, comme une occasion de mieux penser à ce qui a du sens. Ce temps peut être le grand retour des valeurs qui font vivre.

  • Habiter son cadre de vie autrement

Ranger son appartement, revoir ses priorités, découvrir d’autres horizons à ce quotidien qu’on pensait irréformable. Prendre soin de soi à cause des autres, c’est aussi découvrir que la vie est féconde malgré tout.

Fr. Daniel

Ce temps d’isolement est aussi un beau temps de communication

La compassion

Notre tradition biblique nous apprend que les fléaux ne sont jamais loin. Elle nous raconte aussi que l’humain met du temps, 40 jours, 40 ans, pour trouver son chemin, changer sa vie, son cœur. C’est l’heure de s’ouvrir davantage, d’élargir l’espace de sa tente intérieure.

Ces semaines sombres, nombre de personnes sont et seront en effroi, en détresse, sans plus de points d’appui. En Église, il nous faut trouver comment les soutenir, alors même que nous ne pourrons les rejoindre physiquement, ce que nous faisons habituellement, pour beaucoup d’entre nous, en les visitant, les accompagnant. Manifester notre écoute, notre proximité bouleversée, notre foi humble et tenace est une priorité. Le soutien spirituel et humain ne peut s’interrompre, bien au contraire, quand des personnes et des familles vont en avoir d’autant plus besoin que les lieux habituels, aumôneries, paroisses, ne peuvent plus répondre autant. Le service de l’Église, aujourd’hui plus qu’hier encore, doit être celui de la compassion à quiconque en a besoin. À nous ensemble d’en inventer une nouvelle forme, au service de tous dans ces temps de grande épreuve pour beaucoup.

Chères Sœurs, chers Frères et Pères, restons proches les uns des autres par l’amitié et la prière. Par la supplication pour ce monde et pour que nous apprenions tous de ce drame et de ce combat à devenir plus humains et proches. Ne négligeons rien de ce qui dit notre responsabilité et notre souci de tous.

Sr Véronique Margron, op. Présidente de la CORREF

Garder confiance

Dis-moi, je t’en prie, de garder confiance. Dis-moi qu’au bout des tempêtes, qu’au bout des vagues et des ouragans – dis-moi un port, dis-moi un havre – dis-moi que des eaux calmes m’attendent.

Dis-moi, je t’en prie, de garder confiance. Dis-moi qu’au bout des ténèbres, qu’au bout de la nuit et du brouillard – dis-moi un étincelle, dis-moi une lumière – dis-moi que l’aurore monte et que le jour se lève.

Le petit livre de la consolation – Jean Humenry

À SUIVRE …

Alors n’hésitons pas à partager des réflexions, des textes et des nouvelles… Envoyons-les sur le mail des « Propositions du Prieuré » pour étayer nos prochains envois.

2 commentaires

STELTZLEN Bruno · 22 mars 2020 à 16 h 33 min

Bonjour,
L’équipe de préparation au mariage de St Maur (CPM) avaient rendez-vous au Prieuré St Benoît les 28 et 29 mars pour un WE annuel de ressourcement, centré, cette année, sur le « discernement » … Nous ferons le deuil de ce temps de fraternité privilégié, comme nous ferons le deuil de retrouvailles familiales, amicales, culturelles, qui nous avaient mis en marche, pour lesquelles nous avions investi de nous-mêmes, de notre temps, de notre passion … Pour sortir de ce « nous » centré sur « notre » univers , appelés à nous ouvrir au monde, à ses fragilités, ses souffrances, présentes déjà, à notre insu, dans le huis-clos de notre voisinage, où peuvent se vivre silencieusement des tensions, des drames … puis dans ces solidarités criées, chantées aux fenêtres avec les hôpitaux de la terre entière, dans un monde qui se sent soudain vulnérable, capable de tout stopper, de renoncer à l’activité, aux points de PIB pour que la vie soit première … Peut-être un choc salutaire pour, demain, nous sachions sacrifier du bien être pour que vive la terre !
Merci de vos réflexions, suggestions de solidarités nouvelles … Et de votre Espérance inébranlable dont le monde actant besoin…

Odile GERMAIN · 23 mars 2020 à 1 h 28 min

merci pour ce texte. Continuez à nous envoyer des messages de chemin vers Pâques au-delà ou avec le confinement.
La messe du dimanche à la télévision était pleine de paix et de beauté, dans une grande simplicité.
Bonne semaine
Odile