À Mayence, en 1980, le pape Jean-Paul II a soulevé une lame de fond en déclarant : « … l’ancienne Alliance qui n’a jamais été révoquée ». Les chrétiens ont longtemps pensé qu’ils pouvaient se passer des Juifs, et même se substituer à eux comme peuple de Dieu. Or la dynamique interne du christianisme est intimement liée au judaïsme. Peut-on être chrétien et lire l’Évangile sans rencontrer les Juifs à chaque page ?
Pourtant, le « non » juif à Jésus pose problème depuis St Paul. Deux solutions se sont édifiées en système au cours de ces 2000 ans : le Oui à Jésus pour le christianisme, le Non à Jésus pour le judaïsme.
60 ans après Vatican II, il nous faut admettre que les conséquences mortifères de cet ‘aveuglement’ chrétien (qualifiant préalablement le judaïsme) ont défiguré et occulté le Christ pour les Juifs.
Auschwitz ne nous concerne-t-il pas aujourd’hui en tant que jugement sur notre christianisme ?
L’antijudaïsme religieux, qui a longtemps sévi au coeur même de la chrétienté, n’a-t-il pas contribué à
instiller un antisémitisme persistant qui, aujourd’hui encore, fait des ravages partout dans le monde ?
Or l’Église reconnaît actuellement que le christianisme a besoin de cet Autre qu’est Israël pour se purifier de son paganisme et pénétrer plus intimement le vrai visage du Christ.
Un théologien allemand, dans un article de 1977, a réfléchi sur cette question du « non » juif à Jésus en
déclarant : « Nous n’aurons dépassé l’anti-judaïsme chrétien que lorsque nous serons capables d’aborder positivement le « non » des Juifs à Jésus ».
À la lumière de ces éclairages théologiques récents, nous pourrions nous interroger sur ce que ce « non » a pu sauver au cours des siècles (un refus nécessaire?) et dans quelle mesure il ne serait pas lié au « non » des chrétiens au judaïsme ?
Alors, échec de la Révélation ? ou grâce ?
Un enjeu à relever, qui redonnerait une dignité au « oui » chrétien et au « non » non chrétien, l’un et l’autre ayant peut-être leur « raison d’être dans la réalité de Dieu » ?

Samedi 25 janvier 2025 de 9h30 à 17h                                        

avec Élisabeth MARTIN et Fr. Daniel HUBERT